C'est à la fin du mois de septembre que j'entre en République
Islamique d'Iran par le poste frontière
de Merguy, peu habituer à voir des cyclotouristes, les douaniers s'interrogent
sur la meilleure façon de me faire passer la frontière, ce sera finalement avec
les piétons, sacoches fouillées et petit interrogatoire, je porte le vélo de
l'autre cote de la barrière et entre en Iran pour une première journée d'une
centaine de kilomètres de vélo dans les paysages sublimes de la vallée de l'Arax
qui longe les frontières de l'Arménie et l'azerbaidjan, la zone est sous tension et les militaires en armes patrouille partout.
Vallée de L'Arax :
Arrivé à Jolfa (poste frontière azeri) je rencontre vite Ismail,
entraîneur sportif qui me propose de dormir dans le stade de foot de la ville
avant de finalement me payer l'hôtel. Cette chambre spartiate me
hante encore, je vais y rester six jours allongé sur mon lit, ne me déplaçant
qu'avec l'aide d'Ismail pour aller a l'hôpital, oublier ses préjugés et
accepter de ce faire mettre une aiguille dans le bras dans un dispensaire
Iranien, une heure de perfusion et du repos.
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photos souvenir avec mon ami Ismail |
Je reprends la route et roule vers l'est, les Iraniens m'arretent souvent pour m'inviter a prendre le thé et rencontrer leurs familles. Une petite pause a Tabriz ou je m'arrête le temps
de visiter la ville, et de planifier un départ en bus vers Ispahan ou j'arrive
après douze heures de trajet.
Jolfa-Tabriz :
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petit dejeuner traditionel ... delicieux |
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les ruelles de Tabriz |
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le bazar de tabriz, l'un des plus grand et des plus ancien du Moyen-Orient |
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le thé toujours le thé.... |
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bar a chicha, Tabriz |
Quelques jours a Ispahan
Arrivé dans la ville sainte au petit matin , j'avance doucement vers le centre historique, le traffic est inexistant l'agglomeration immense semble endormi, en attente de quelque chose, premier arret lorsque des hommes habillé tout en noir m'invite a manger avec eux, aujourd'hui m'expliquent ils est le premier jour de fete de l'Imam Hussein, evenement religieux tres important ou tout le monde ce doit d'offrir le repas et le thé. Je passe la journée a visiter la ville, veritable joyaux d'architecture, c'est en cherchant a sortir de la ville que je me vois inviter a dormir dans une caserne de pompiers, tous heureux de renconter un étranger en vélo. Courte nuit, reveil a six heure pour une journee marathon, qui commence par un petit dejeuner collectif avant un depart en cortege vers le centre ville, quelques arrets en cours de route, je rencontre par hasard le chef des pompiers qui ce propose d'etre mon guide, j'accepte et pars avec lui decouvrir la fete de l'interieur car mon nouvel ami connaît tout le monde et il me fait rentrer dans le théatre Islamique, manger dans des cuisines éphémères, rencontrer les vendeurs de thé... C'est en fin d'après midi que nous nous retrouvons devant l'une des plus grande mosquées d'Ispahan, mon guide hésite, il me confie ne pas être le plus fervent des croyants mais aussi que la beautéé du lieux justifie bien le détour alors : "allons y, mais pas plus de cinq minutes". Le lieux est magnifique et il s'en dégage une ferveur incroyable, première photos pour voir soudainement arrivé l'Imam en chef qui me sert dans ses bras et m'embrasse, quelques mots echangé pour comprendre qu'il fallait juste gagné du temps, les caméras et la presses arrivent pour nous mitrailler de photos et de questions (et je me vois logiquement privé de micro a la moitié de ma réponse a la question : "que pensez vous du système politique en Iran?"), je croise le regard du chef des pompiers qui désespère et s'en veut d'être venu, nous allons rester deux heures. Retour a la caserne juste a temps partir dans une visite nocturne d'Ispahan avec certains de mes nouveaux amis. Le départ de la ville le lendemain est émouvant, je suis invité a partager le repas traditionnel chez Farang et sa femme, ils m'offrent quelques cadeaux et m'invite a revenir


Invitation par les pompiers qui essayent le vélo :
La Fête de l"Imam Hussein a Ispahan :
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l'équipe des pompiers |
Le désert me tend les bras et m'attire vers une Persepolis qui ce
mérite, cinq cent kilomètres de sable dans la chaleur, je dois penser chaque
étape car les villes sont rares; les invitations sont quant à elles systématiques et
des familles chaleureuses et aimantes m'ouvrent leurs portes. Chaque soir est
prétexte à de nouvelles rencontres comme par exemple dans une ville du sud ou un
homme n'interpelle en anglais pour m'inviter chez lui, en chemin il me questionne
sur ma croyance dans le catholicisme, les miracles et autres manifestations
divines, perplexe je répond sans trop y croire. En arrivant chez lui mon nouvel
ami m'explique être un laïc anticléricale qui ce doit d'être méfiant tout en
étant curieux, il s'est retrouvé ici après s'être fait signifier qu'il était
préférable de quitter la capitale pour ne pas finir comme son père et son frère,
militant assassinés, il m'explique l'obligation de calculer chaque sortie en
publique, chaque déplacement officiel avec ses élèves, chaque parole prononcées
durant les cours qu'il donne, une erreur, la dénonciation fera le reste et
comme il dit : "Je disparaîtrai probablement dans un accident de
voiture".
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la famille de Farang, l'un des pompiers d'Ispahan |
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le plateau Iranien |
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J'arrive à Persepolis en fin de journée et ne m'attarde pas sur le site que je visiterai le lendemain, la ville voisine de Mardvast n'inspire pas vraiment
la sécurité entre les opiuman allongés dans les parcs et l'omniprésence
touristique qui change mon rapport avec les Iraniens. Tournant autour d'un parc
sécurisé avec l'espoir de pouvoir y poser ma tente, un père de famille
m'interpelle et me propose de venir boire le thé le temps de trouver une
meilleure solution pour la nuit car me dit il :"parfois on entend des
coups de feu". de fil en aiguille la situation évolue et ce sera
finalement un cousin du nom de J...et sa famille qui m'aideront, ils
m'accueillent comme un vieil ami parti depuis longtemps, quelques jours ensemble
pour continuer à essayer de comprendre leurs vision du monde, ils me font
visiter Persepolis m'explique l'histoire du lieux, les palais, les rois
puis les guerres, les pillages et plus dernièrement la destruction
des visages des rois par les autorités pour ce protéger de supposés risques de cultes. C'est avec l'aide
J.. et de ses frères que je tente une extension de visa , immédiatement refusée avec un cinglant : "Vous avez six jours pour quitter le pays". Les
choses ce précipitent et ce sera de nouveau un bus, J... et sa famille m'aident à organiser le départ vers Bandar Abbas , les adieux sont émouvant, versets du
coran et fleurs, a bientôt.
Persepolis :
J... et sa famille :
Arrivé à Bandar Abbas après dix heures de bus je recharge mon vélo
sous une chaleur accablante et pars à l'assaut de la ville, cent metres plus
loin mon pneu arrière explose, c'était le dernier cadeaux de mes amis de
Persepolis, pensant mes pneu de touring usés ils les ont remplacé sans mot
dire. Réparation partielle, nous sommes vendredi (jour sain), tout est fermés,
je pousse mon vélo sur lequel je ne peux plus monter jusqu'à ce qu'encore une
fois l'aide ce présente d'elle même, Massoud, Mosseuin et Milat me rattrape et
me propose immédiatement leur aide que j'accepte volontiers, ils s'occupent de
tout, m'invitent dans le restaurant familiale puis chez eux, trois jours
reposant avant de quitter l'Iran par bateau en direction de Dubai et avec la
promesse de revenir dans ce pays magnifique.
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la famille de Massoud, Mossein et Milat |
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Dîner le trottoir de Bandar abbas, Mossein est pensif. |
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le vélo bien attache dans le bateau pour Dubai |
Merci à toutes celles et à tout ceux qui m'ont accueilli, aidé,
parlé et souri, ce sont pour moi, les plus belles formes de résistances.
Si nombreux que soient ses méandres, la rivière finit par se jeter dans la mer.
Proverbe iranien ; Proverbes et dictons iraniens (1964)